
« Mes frères, veillez; votre adversaire, le diable, comme un lion rugissant, rôde autour de vous, cherchant qui dévorer; résistez-lui, fermes dans la Foi. » Ces mots de Saint Pierre, les prêtres les récitent chaque soir à complies. Un autre Pape, Léon XIII ordonna de réciter la prière à Saint Michel Archange après chaque Messe célébrée dans le monde Catholique. C’est dire l’importance du combat contre le péril diabolique. Satan, l'ennemi personnel de Jésus-Christ, est aussi le nôtre! Malheur à nous si nous venions à méconnaître l'adversaire et ses forces. Certes, la victoire finale est assurée; nous combattons pour Dieu. Mais au cours de la lutte, que d'âmes l'ennemi peut tuer, que d'esclaves il peut se faire! Tout le but de sa guerre est là; dépeupler le royaume de Dieu pour peupler son royaume à lui. Car il existe bien
deux royaumes qui se divisent le monde et se disputent les âmes; deux armées toujours et violemment aux prises: l'armée de Jésus-Christ, l'Église, ardente à sauver les âmes; l'armée de Satan, furieuse à les perdre. Guerre sans trêve ni merci. Beaucoup l'ignorent, ou n'y voient
qu'une fiction. Elle est pourtant bien réelle. C'est la trame invisible de l'histoire du monde, jusqu'à la fin des temps.
Formidable réalité, il nous faut avant tout croire en la présence de Lucifer, à son activité, et en ses légions de démons qui infestent notre monde, et sont responsables pour une large part du mal qui nous désole. Voir le diable partout est une erreur; ne le voir nulle part, c'est une pire erreur! Sa déchéance l'a privé de l'empire magnifique que lui donnait, sur les créatures inférieures, la perfection de sa nature. De là, sa haine implacable contre Dieu, sa jalousie contre les fidèles vivant de la grâce, sa rage de les ressaisir et de se venger ainsi de Dieu, en Lui ravissant la gloire accidentelle que lui donnent ses élus.
Les démons agissent sur les sens et l'imagination, ils enivrent d'orgueil l'intelligence et l'affolent; faveurs ou souffrances, ils distribuent juste ce qu'il faut à chacun pour pécher plus facilement, affligeant les justes, comblant les impies; toujours dans le but d'écarter les âmes du surnaturel. Ils peuvent faire d'étonnants prodiges; ils peuvent effrayer l'homme, le frapper, le harceler, lui donner des maladies ou le guérir, posséder même ses organes, les lier ou s'en servir. Ils peuvent se l'attacher par des avantages matériels, des prestigieux succès, même par des pactes formels, vrais sacrements de ce grand singe de Dieu, par quoi il s'assure, en ce monde, de serviles et puissants agents. Satan tient les civilisés solidement enfermés dans le naturel, garde les païens dans le filet serré de leurs coutumes païennes ancestrales qui les isole très efficacement de l'influence chrétienne. Satan veut plus que tout les âmes baptisées, ravies à son empire par la grâce. La beauté de ces âmes enflamme sa convoitise, enrage son dépit et sa haine. Il les écarte tant qu'il peut, des Sacrements, de l'église, de l'école, des prêtres. Il sait bien, lui, le prix d'une âme en état de grâce! Pour la reprendre, il ameuterait tout l'enfer et s'y mettrait lui-même.
Mais pour se défendre, les fidèles de Dieu possèdent une grâce divine extrêmement forte et continuelle. Elle est abondante et à leur portée, dans la prière, dans les Sacrements, dans l'aide de leurs Anges et de leurs prêtres. Pour vaincre, ils n'ont qu'à le vouloir, de la toute
petite bonne volonté dont ils sont capables; elle suffit à l'infinie Pitié de Dieu pour faire le reste. L’Eglise Catholique possède un incomparable arsenal dans son Rituel, où elle nous offre tant de prières, chargées de son mérite et de son autorité, puissantes à délivrer hommes et choses de l'empire diabolique. Fermes dans la foi, résistons au démons! Ils veulent nous mettre à bout. Courage, ils y perdront leur peine, et nous y gagnerons notre ciel! Et puis, nous ne sommes pas seuls au combat. Jésus-Christ, notre Maître adoré, lutte, en personne, avec nous. Lui qui, d'avance, a vaincu le Monde et son Prince. Sa grâce nous porte, ses Anges sont nos alliés.
Nous pouvons croire que Dieu augmente le renfort céleste quand la lutte est plus chaude et l'ennemi plus nombreux. Égaux par nature aux démons, les saints Anges ont, pour eux, l'avantage de la grâce. Ils percent les ruses et les menées de l'adversaire. Aucun de nos dangers ne leur échappe. Ils l'écartent, parfois spontanément; ils nous en avertissent toujours, et, si nous voulons, nous aident puissamment à l'affronter, apaisant nos passions, éclairant notre intelligence, fortifiant notre volonté, et s'unissant à nous pour obtenir un surcroît de grâce et de force. Heureux de servir Dieu en nous servant, ils nous aiment, nos chers Anges, d'une amitié qui dépasse nos rêves. Sachant au juste le prix de nos âmes, ils en veulent le salut plus ardemment encore que Satan ne veut leur perte. Ils mettent à nous sauver toutes les ressources de leur puissante nature, toutes les prévenances d'une tendresse fraternelle dont, jamais, ne se décourage le dévouement. Attentifs à tous nos Périls, à nos moindres besoins, ils nous gardent et nous aident dans nos voies, même dans le détail ordinaire de notre vie. Au ciel seulement, nous saurons leurs services et notre dette envers eux.
Appréciant exactement les difficultés de notre combat, les Anges peuvent agir d'autant plus efficacement que notre prière les a mieux armés. Si notre foi était plus simple, et plus vif le sentiment de la présence de nos Anges, de leur amour, de la valeur de leurs services, si nous étions plus attentifs à leurs inspirations, plus prompts à les appeler, et plus confiants dans leur aide, quelle force pour nousmêmes, que d'erreurs évitées, que de difficultés vaincues, que de chutes conjurées et de tristesses épargnées ! Les Anges vivent avec nous, vivons avec eux. Apprenons à connaître notre Ange Gardien, à l'aimer, à le prier, à compter sur lui, à se réfugier sous son aile. Bénissons le Seigneur pour le don merveilleux de ses saints Anges, vaillants compagnons d'armes et de vie, délicieux amis, infiniment secourables!